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Fragments d'Anteminuit

Personne ne savait qui avait créé ces bijoux étranges à partir des blessures de la Cité de Minuit, bien que des témoins avaient vue, un jour, une femme arpenter les rues détruites et ramasser ce qu’elle trouvait sur son chemin : gravats, pierres, morceaux de cristal. Il se murmurait que cette femme n’était autre que la tenancière de la fabrique de la Rue de Minuit.

Elle croyait dur comme fer que les brisures pouvaient être sublimées. Ainsi, elle arpentait souvent les rues de la Cité à la recherche de débris qu’elle mettait dans sa sacoche et qu’elle sertissait ensuite dans des bijoux. Une manière de se souvenir de ce qui a disparu, ou de ce qui a été brisé.

Ces bijoux sont les seul que la propriétaire de l’atelier réalise de ses propres mains, en les sertissant dans de l’oneirium forgé. Les pièces sont fabriquées autour de pierres noires et brutes (morceaux de roche, de maison, de bâtiment) ou de verre (fenêtre, vitrail, réverbère). Attention, ces bijoux sont susceptibles de contenir des fragments de rêve ou de cauchemar endormi.

 

L’unique bijou de ce genre que la tenancière de la fabrique n’a pas réalisé lui vient d’un client venu un jour troquer un bien contre un livre ancien trouvé dans la boutique. ‘Ce collier était dans un coffret à bijoux, a dit le Nocturne. Il s’agissait d’un cadeau, je crois, un présent précieux créé par un jeune garçon Oneiroi. Malheureusement, la jeune fille à qui il était destiné est partie sans se retourner, si bien qu’il l’a abandonné.’ La tenancière l’a accepté, et l’a gardé longtemps dans un tiroir de la réserve, incapable de se séparer de ce fragment de cœur brisé.

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« Des témoins l’avaient vue arpenter les rues détruites et ramasser ce qu’elle trouvait sur son chemin : gravats, pierres, morceaux de cristal, qu’elle rapportait dans son atelier afin de les transformer en bijoux. La tenancière de l’échoppe voyait en chaque bris de verre, chaque éclat de brique, chaque fêlure un trésor en devenir, un souvenir fragmenté qui avait sa place au cou d’une Nocturne, et non pas dans une corbeille en attendant d’être vidé de sa substance onirique par les Rêvarchitectes. » — Gazette de la Cité de Minuit

« Il me semble, presque-frère, que tu perds de vue ta véritable mission : étudier les strates de notre Cité, gratter la surface pour découvrir ce qui se trouve en-dessous. C’est là le sujet de nos recherches. Toi dans les Archives, moi dans les ruines. Notre histoire n’est, après tout, qu’une succession de destructions. » — Lettre d’Yleige adressée à Raul.

Quelques bijoux de la collection Antéminuit