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Rue des Horloges

Lieu : Atelier d’horlogerie
Localisation : Rue des Horloges

 

Une cacophonie de tic tac vous assaille lorsque vous atteignez la Rue des Horloges.

Une rue qui porte parfaitement son nom : les façades grises des maisons et des bas immeubles sont couvertes de cadrans, aux formes et aux tailles différentes.

Innombrables pendules rondes, carrées, immenses ou minuscules, aux aiguilles fines comme des aiguilles à coudre ou ouvragées comme des bijoux, d’onyx, d’argent, d’ivoire, de verre, spiralées ou en volutes ; milliers de montres, à gousset ou sur bracelet, aux chiffres romains gravés, ou peints en noir sur blanc, ou en blanc sur noir, aux chiffres arabes allant de zéro à trente-deux – le nombre d’heures brumaires – et de trois à cinquante-sept – comme les minutes papillon – ; cadrans fixes ou cadrans mobiles oscillants sur leur axe ; maisons de coucous en ébène, aux rondins de bois ou en forme de boîte opaque dont les façades sont texturées tels du béton ou de l’oneirium brut, aux oiseaux noirs comme la nuit, grands corbeaux et corneilles, freux et corneilles mantelées ; réveils aux sonneries stridulantes, mélodieuses ou dissonantes, murmurantes ou au contraire hurlantes.

Mais en dépit de l’infernal concert qui vous parvient, vous ne croisez personne. Aucune lumière aux fenêtres des belles demeures victoriennes, pas un mouvement dans les haies parfaitement taillées des jardins qui les bordent. Les seules lueurs que vous apercevez sont celles des élégants lampadaires courbés, qui éclairent la rue d’une lumière bleutée et irréelle, et celle de l’unique commerce du quartier.

L’atelier d’horlogerie que Raul vous a indiqué sur le plan de la ville.

Vous y entrez après avoir extirpé de votre besace la double page confiée par votre ami, puis vous vous approchez du grand homme bedonnant qui se tient assis au comptoir.

« Bien le bonsoir », vous dit-il d’une voix tonitruante. « Qu’est-ce qui vous amène par ici ? Une montre à remonter ? Un réveil à réveiller ? »

L’homme vous intimide par sa grande taille et sa grosse voix, mais vous ne vous démontez pas et lui expliquez ce que vous recherchez. L’horloger vous écoute en se grattant la tête ; de temps en temps, il acquiesce en marmonnant « oui, oui », puis il remet ses lunettes en place avant de descendre de son tabouret.

« Voilà bien longtemps que l’on ne m’a pas parlé d’un tel objet », dit-il d’un air songeur. « Plus personne n’utilise de montre Céruléenne aujourd’hui, on préfère le modèle Larozière. Attendez ici, je crois en avoir encore dans la réserve. »

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Une horloge Freitas

Il s’engouffre par la petite porte au fond de l’atelier, une minuscule ouverture que vous n’aviez pas remarquée, et n’en ressort pas avant cinq bonnes minutes. Pendant ce temps, vous restez figé au milieu des horloges, dont les cadrans semblent vous observer avec attention.

Lorsqu’il revient de la réserve, l’horloger brandit sa trouvaille et s’exclame : « vous avez de la chance, il ne m’en reste qu’une seule ! »

Il vous tend une montre à gousset au boîtier anthracite et à la mécanique dorée apparente sous un cadran en verre ; l’objet vous paraît fragile, mais ses aiguilles continuent de battre avec vaillance malgré les années d’oubli dans cet atelier.

Au premier plan, une montre céruéenne

Lorsque vous demandez à l’horloger combien vous lui devez, celui-ci sourit et répond : « je vous l’offre pour rien. J’aime beaucoup les explorateurs, vous savez… et nous n’en avons pas vu depuis longtemps. J’espère que votre voyage sur l’Atlas se fera sous des heures favorables ».

Après l’avoir salué, vous quittez son atelier et vous retrouvez dans la rue, sous le murmure rassurant des étoiles.